J’aime que les français fassent des vœux au début de chaque année. Nous, les américains, sommes obsédés par les résolutions, les tentatives de plier la réalité à notre volonté. Un vœu, par contre, est un souhait, une intention, en toute modestie.
Je sais que les résolutions sont possibles en France – on peut faire vœux de quelque chose, et pas seulement faire nos vœux – mais ma collègue Charlotte m’a expliqué que « les français aiment parler de résolutions, mais pas les tenir ».
Je commence 2025 en me sentant humble, alors je vous offre ces trois vœux.
1. Cette année, j’espère que nous prendrons la dépendance aux écrans beaucoup plus au sérieux
Les smartphones sont addictifs, tout comme les cigarettes, ils jouent avec notre neurochimie d’une manière que notre cerveau conscient ne peut pas contrôler. Et tout comme les cigarettes, ils ont de terribles conséquences sur la santé qui ne deviennent évidentes que maintenant. C’est grave, et nous devons le prendre au sérieux.
En 2024, certaines parties de la société américaine ont commencé à tirer la sonnette d’alarme plus fort. Un livre influent de Jonathan Haidt est sorti sur l’impact des smartphones sur les adolescents – la version française vient de sortir la semaine dernière.
Nous devons faire quelque chose à ce sujet – tabous sociaux, règles plus strictes sur les téléphones à l’école, prise en compte de l’addiction dans les critères ESG, taxation de la publicité numérique – les options sont nombreuses. Discutons-en.
2. Une année de compromis et de pragmatisme
Alors que la presse française panique devant le désastre du parlement national et l’ingouvernabilité du pays, le reste du monde regarde la France et pense : eh bien, c’est tout à fait normal. Un pays divisé en de nombreuses factions, où un parti n’a pas la majorité absolue – oui, comme partout ailleurs !
La grande différence est que dans la plupart des autres pays, les partis négocient et font des compromis pour construire des coalitions. D’une certaine manière, cela n’est pas autorisé dans la culture française, car chaque parti n’a qu’un seul objectif : gagner les prochaines élections présidentielles en faisant passer tout le monde pour le pire.
J’ai un immense respect pour la culture française et je crois que la société française est globalement plus saine que la société américaine, mais en tant qu’américain, je me permets de vous dire à tous : cette culture politique est stupide et autodestructrice. J’espère que certains dirigeants politiques pourront s’élever au-dessus de la stupidité et être pragmatiques, pour le bien du peuple.
3. Une année pour parler davantage d’éthique professionnelle
J’aimerais que l’on parle davantage d’éthique professionnelle, j’aimerais que ce soit le sujet des meilleurs podcasts et publications. J’aimerais que tous ceux qui travaillent dans le monde business aient à suivre des cours sur l’éthique, tous les deux ou trois ans, tout comme les professionnels de la santé doivent suivre une formation continue pour conserver leur droit d’exercer.
Je crois qu’il existe deux types d’éthique des affaires, négative et positive. L’éthique négative concerne ce que vous ne devez pas faire, comment éviter d’être contraire à l’éthique : ne pas mentir, honorer sa parole et ses accords, ne pas cacher d’informations, ne pas essayer de renégocier un accord à la dernière minute. Trop de ces pratiques sont courantes, et pas seulement en France.
L’éthique positive consiste à trouver des moyens de faire le bien dans son travail ou dans son entreprise – en soutenant des collègues ou des employés malades, en nettoyant les océans ou l’atmosphère, en prenant soin des migrants par exemple. J’espère que cette année, nous en discuterons.
—
Je suis conscient que ces dernières années, l’indulgence envers l’égoïsme a pris de l’ampleur culturellement. Les gens sont fatigués des contraintes, ils veulent être America First, insoumis, anti-woke. C’est certainement le climat culturel en ce début d’année.
Je me rends compte que mes trois vœux sont tous liés au contrôle de soi. Ils sont tous des vœux pour que, en tant qu’individus et en tant que société, nous puissions maîtriser nos désirs animaliers et notre égoïsme, en puisant dans cette beauté particulière de l’esprit humain qui tend vers un monde meilleur.
Voici donc ma prière pour qu’en 2025, les vents tournent et nous élèvent tous plus haut.